À 70 ans, prendre un médicament n’est pas comme à 40 ans. Ce n’est pas une question de volonté ou de discipline. C’est une question de corps. Votre foie ne filtre plus aussi vite. Vos reins éliminent moins bien. Votre graisse corporelle a augmenté, et votre eau a diminué. Résultat ? Un simple comprimé peut rester dans votre organisme deux, trois, voire cinq fois plus longtemps qu’avant. Et avec lui, ses effets secondaires.
En France comme aux États-Unis, plus de 15 % des personnes âgées de 65 ans et plus subissent une réaction indésirable liée à un médicament chaque année. Et dans près de la moitié des cas, ces réactions auraient pu être évitées. Ce n’est pas un accident. C’est un système mal adapté.
Le corps change avec l’âge, et les médicaments ne le savent pas. Ils agissent comme si tout était encore normal. Mais ce n’est plus le cas.
Et quand vous prenez plusieurs médicaments à la fois ? Le risque explose.
On appelle polypharmacie la prise simultanée de cinq médicaments ou plus. C’est courant chez les personnes âgées : un pour la tension, un pour le diabète, un pour les articulations, un pour le sommeil, un pour l’anxiété. Et puis, il y a les vitamines, les compléments, les remèdes naturels…
Chaque médicament ajouté augmente le risque d’effet secondaire. Pas seulement parce qu’il agit seul. Mais parce qu’il interagit avec les autres.
Et ce n’est pas tout. Certains médicaments, même prescrits « normalement », sont simplement trop dangereux pour les personnes âgées.
Depuis 1991, les experts américains ont compilé une liste des médicaments à éviter chez les personnes âgées : les critères de Beers. Ils sont mis à jour régulièrement. En 2019, la liste a été élargie. Voici quelques exemples concrets :
Ces médicaments ne sont pas toujours interdits. Mais ils doivent être prescrits avec une extrême prudence - et seulement si rien d’autre ne fonctionne.
Les personnes âgées ne disent pas souvent : « J’ai une réaction au médicament. » Elles disent : « Je me sens fatigué », « Je me perds dans les mots », « Je tombe plus souvent », « Je n’ai plus faim ».
Voici les signaux d’alerte à ne jamais ignorer :
Si vous ou un proche présentez l’un de ces symptômes, demandez-vous : « Est-ce que ça a commencé après un changement de médicament ? »
La solution n’est pas d’arrêter tous les médicaments. C’est de les réévaluer.
Voici ce que vous pouvez faire :
La déprescription - c’est-à-dire l’arrêt progressif d’un médicament inutile ou dangereux - est aujourd’hui une pratique médicale reconnue. Ce n’est pas une rupture. C’est une amélioration.
Les critères de Beers sont largement utilisés. Mais ils ne sont pas parfaits. Certains médicaments sont absents. D’autres sont listés alors qu’ils pourraient être utiles dans certains cas. Et surtout, ils ne parlent pas assez des interactions entre médicaments.
Des outils comme STOPP/START existent, mais ils sont moins connus. Et les médecins, souvent surchargés, n’ont pas toujours le temps de les consulter.
Le vrai problème, c’est que le système de santé est conçu pour traiter une maladie à la fois. Mais les personnes âgées ont souvent cinq, six, sept maladies en même temps. Un système qui traite chaque maladie séparément finit par surtraiter le patient.
La solution ? Une approche globale. Un médecin généraliste qui connaît votre histoire. Un pharmacien qui vérifie vos médicaments. Une infirmière qui vous suit à domicile. Et surtout, une personne âgée qui ose dire : « Ce médicament ne me fait pas du bien. »
En France, les chiffres sont similaires. Et avec le vieillissement de la population, le problème ne fera que croître.
À l’avenir, les médecins pourront peut-être adapter les traitements à votre ADN. Certains gènes déterminent comment vous métabolisez les médicaments. Si vous avez une variation du gène CYP2D6, vous pouvez être un « métaboliseur lent » : un médicament normal devient toxique pour vous.
Ces tests existent déjà. Mais ils sont encore rares, chers, et peu intégrés dans les pratiques courantes.
Le vrai progrès, aujourd’hui, n’est pas dans la technologie. C’est dans la prise de conscience. Savoir qu’un médicament n’est pas un simple outil. C’est un acteur dans un corps qui a changé. Et qu’il faut le traiter comme tel.
Si vous êtes une personne âgée, ou si vous prenez soin d’une personne âgée, vous avez le droit de demander : « Est-ce que ce médicament est encore nécessaire ? »
Vous avez le droit de dire : « Je ne me sens pas bien. »
Vous avez le droit de demander une seconde opinion. Un pharmacien. Un geriatre. Un médecin qui prend le temps.
Les médicaments sauvent des vies. Mais ils peuvent aussi les briser. Le bon équilibre, c’est de ne pas les craindre. Mais de les respecter.
Le corps change avec l’âge : les reins et le foie filtrent moins bien, la composition corporelle évolue (plus de graisse, moins d’eau), et les récepteurs cérébraux deviennent plus sensibles. Un médicament qui était sûr à 50 ans peut devenir dangereux à 80 ans, même à la même dose.
Les critères de Beers listent plusieurs médicaments à éviter : le glyburide (risque d’hypoglycémie grave), l’indométhacine (confusion), la pentazocine (troubles neurologiques), le mégestrol (caillots sanguins), et certains antidépresseurs (ISRS) qui augmentent le risque de chutes. Les benzodiazépines et les anticholinergiques sont aussi très à risque.
Les signes ne sont pas toujours typiques. Une fatigue soudaine, une confusion, une chute, une perte d’appétit, une somnolence excessive, ou un changement de comportement peuvent être des effets secondaires. Si ces symptômes sont apparus après un changement de traitement, demandez à votre médecin s’ils pourraient être liés à un médicament.
Non. Arrêter un médicament brusquement peut être dangereux. Mais vous pouvez demander à votre médecin ou à votre pharmacien de réévaluer votre traitement. La déprescription, c’est-à-dire l’arrêt progressif d’un médicament inutile, est une pratique médicale reconnue et sécurisée.
La polypharmacie, c’est la prise simultanée de cinq médicaments ou plus. C’est courant chez les personnes âgées, mais elle augmente fortement le risque d’interactions médicamenteuses, d’effets secondaires et d’hospitalisations. Il ne s’agit pas d’arrêter tous les médicaments, mais de vérifier si chacun est encore nécessaire.
Je suis infirmier depuis 30 ans, et je vois ça tous les jours : des grands-parents qui prennent 8 médicaments, et quand on leur demande pourquoi, ils disent ‘le médecin m’a dit de le prendre’. Personne ne regarde derrière. Il faut que les familles osent poser les bonnes questions, même si ça fait mal.
La déprescription, c’est pas de l’abandon, c’est de la bienveillance.
Et bien sûr, c’est pas la faute des laboratoires, non ? 😏
Vous croyez vraiment que les pharma veulent que les vieux soient en bonne santé ? Ils veulent qu’on prenne des pilules jusqu’à la mort, et que les enfants paient la note. Les critères de Beers ? Une coquille vide. Le vrai problème, c’est que les médecins sont payés pour prescrire, pas pour réfléchir.
Et les tests ADN ? Bah oui, bien sûr… quand vous aurez 10 000 euros à dépenser pour savoir si un médicament va vous tuer. Pendant ce temps, les vieux se font traiter comme des cobayes. Et on parle de ‘progrès’.
Alors là, j’ai un truc à dire : les gens confondent ‘vieillir’ et ‘être malade’. Si tu as 75 ans et que tu prends un ibuprofène tous les jours pour les douleurs, tu as un problème, pas un âge. Le corps change, oui, mais le cerveau aussi. Et si tu ne remets pas en question ton traitement, t’es pas vieux, t’es juste flemmard.
Le pharmacien, c’est pas un luxe, c’est une nécessité. Va voir le tien, demande-lui s’il pourrait supprimer un truc. Il te dira la vérité, pas comme ton médecin qui a 7 minutes par patient.
Et arrête avec les vitamines ! La plupart du temps, c’est du pognon jeté. Tu veux du calcium ? Mange du fromage. Tu veux du D ? Va te faire un peu de soleil. Pas besoin d’une pilule pour tout.