Vous vous réveillez en pleine nuit, le monde tourne autour de vous. Un simple mouvement de la tête, comme vous tourner sur le côté ou regarder vers le haut, déclenche une violente sensation de rotation. Vous vous sentez mal, vous avez la nausée, vous avez peur de tomber. Ce n’est pas un mal de tête, ni une migraine. C’est probablement un vertige positionnel bénin (BPPV). Ce trouble, bien que bénin, est l’une des causes les plus fréquentes de vertige chez les adultes, surtout après 50 ans. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il se traite souvent en quelques minutes avec une simple manœuvre.
Plus de 50 % des cas de vertige périphérique sont dus au BPPV. Chez les personnes de plus de 60 ans, un sur cinq en a déjà fait l’expérience. Les femmes sont 1,5 à 2 fois plus touchées que les hommes, pour des raisons encore mal comprises, peut-être liées aux changements hormonaux ou à une densité osseuse plus faible.
Le diagnostic repose sur un test simple : la manœuvre de Dix-Hallpike. Votre médecin vous fait vous allonger rapidement sur le dos, la tête penchée en arrière et tournée d’un côté. S’il y a un BPPV du canal postérieur - le plus fréquent -, vous allez ressentir un vertige et votre œil va faire des mouvements rapides, appelés nystagmus. Ce nystagmus a un délai de 2 à 10 secondes, puis il diminue si on répète le test. C’est cette particularité qui distingue le BPPV des autres causes de vertige, comme une névrite vestibulaire ou un accident vasculaire cérébral.
La vérité ? Les médicaments ne sont pas la première ligne de traitement. La seule approche efficace, validée par les grandes sociétés médicales comme l’Académie américaine d’oto-rhino-laryngologie, c’est le répositionnement canalithique. C’est une technique mécanique. Pas de pilule. Pas de chirurgie. Juste un mouvement précis de la tête, fait dans un ordre spécifique, pour ramener les cristaux à leur place.
Quand elle est bien faite, elle réussit dans 80 à 90 % des cas après une seule séance. La plupart des patients ressentent une amélioration immédiate ou dans les 24 heures. Une étude publiée dans JAMA Otolaryngology a montré que les patients qui suivent une vidéo guidée pour faire la manœuvre à la maison ont 72 % de chances de succès, contre seulement 45 % avec un simple mode d’emploi écrit.
Voici comment ça se passe, en résumé : vous êtes assis sur un lit. Le médecin vous fait vous allonger rapidement, la tête tournée d’un côté. Puis il tourne lentement votre tête vers l’autre côté. Ensuite, il vous fait rouler sur le côté, en gardant la tête dans la même position. Enfin, vous vous redressez lentement. Chaque mouvement est calibré pour guider les cristaux vers l’oreille, pas vers le cerveau.
Il existe aussi la manœuvre de Semont, qui est plus rapide mais exige plus de mobilité. Et pour ceux qui veulent essayer à la maison, la manœuvre de Brandt-Daroff demande de faire des séries de mouvements deux fois par jour pendant deux semaines. Elle est moins efficace (environ 50 %), mais elle peut aider si les autres manœuvres ne sont pas disponibles.
Il n’y a pas de façon de les empêcher complètement. Mais vous pouvez réduire les risques : évitez de vous coucher sur le côté affecté pendant quelques jours après la manœuvre, évitez les mouvements brusques de la tête, et si vous avez des carences, corrigez-les.
Autre erreur : se fier à des vidéos YouTube sans supervision. Sur 15 millions de vues, 78 % des personnes disent que ça a marché. Mais 12 % ont eu un pire vertige après avoir mal fait la manœuvre. Si vous avez des douleurs au cou, des antécédents de chirurgie de la colonne, ou des troubles neurologiques, ne faites jamais ces manœuvres seul.
Les nouvelles technologies aident aussi. Des applications comme DizzyFix utilisent les capteurs de votre téléphone pour guider la manœuvre. Elles ont une efficacité de 63 %, mais elles ne sont pas remboursées. Des systèmes robotisés comme l’Epley Omniax existent, mais ils coûtent plus de 75 000 euros - trop cher pour une clinique ordinaire.
Le plus important ? Le BPPV n’est pas une maladie chronique. Il est réversible. Il ne cause pas de perte auditive, ni de lésion cérébrale. Il ne vous tuera pas. Mais il peut vous faire perdre des jours, des nuits, des confiances. La bonne nouvelle, c’est qu’avec un bon diagnostic et une bonne manœuvre, vous pouvez retrouver votre équilibre - littéralement - en moins d’une heure.
Oui, dans certains cas, le BPPV peut se résoudre spontanément en quelques semaines, car les cristaux finissent par se dissoudre ou se déplacer naturellement. Mais ce processus peut prendre jusqu’à un mois, et pendant ce temps, les épisodes de vertige persistent. Les manœuvres de répositionnement, elles, agissent en minutes et ont une efficacité bien supérieure (80-90 %) comparée à la guérison spontanée (40-50 %). Il n’y a donc aucune raison d’attendre.
Oui, c’est possible, et même recommandé après un premier traitement en cabinet. Des vidéos guidées, comme celles publiées par des hôpitaux ou des associations comme la Vestibular Disorders Association, sont très efficaces. Une étude a montré que 72 % des patients réussissent à se traiter à la maison avec une vidéo, contre seulement 45 % avec un simple texte. Mais si vous avez des douleurs au cou, une hernie discale, ou des troubles cardiaques, demandez d’abord l’avis d’un professionnel. Ne faites jamais la manœuvre si vous ressentez des picotements, une faiblesse ou une perte de vision.
Les cristaux de calcium dans l’oreille interne se détachent naturellement avec l’âge, ou à la suite d’un traumatisme, d’une infection ou d’un stress. Il n’y a pas de moyen de les empêcher complètement de se détacher. Mais des études montrent que les carences en vitamine D augmentent le risque de récidive. Prendre 1 000 UI par jour peut réduire les récidives de 24 %. Évitez aussi les chocs violents à la tête et les mouvements brusques dans les jours suivant un traitement.
Non. Le BPPV affecte uniquement les canaux semi-circulaires, responsables de l’équilibre. Il n’implique pas la cochlée, qui est la partie de l’oreille qui traite l’audition. Si vous avez une perte d’audition, des bourdonnements ou des acouphènes en même temps que le vertige, ce n’est pas un BPPV. Cela pourrait être une maladie de Ménière, qui nécessite un autre traitement.
Non. L’IRM ne détecte pas les cristaux déplacés. Elle ne sert que si les symptômes ne correspondent pas au BPPV typique - par exemple, si vous avez des maux de tête, une faiblesse, une perte de parole ou une vision double. Dans ces cas, on élimine un accident vasculaire cérébral. Mais pour un vertige classique, déclenché par la tête, l’IRM est inutile, coûteuse, et souvent trompeuse. Le diagnostic se fait par l’histoire et la manœuvre de Dix-Hallpike.
sept. 29 2025